Le consentement en pantoufles
La plus grande différence entre les deux modèles de société totalitaires survenus au XXe siècle concerne leur mode d’accession au pouvoir. Alors que le communisme gagne sa terreur révolutionnaire de haute lutte, en imposant une minorité d’extrémistes à la majorité de la gauche démocratique – le fascisme, ainsi que le nazisme, sont élus démocratiquement lors des élections parlementaires dans leurs pays respectifs. C’est donc un consentement majoritaire du corps électoral qui a rendu possible leur accession au pouvoir en Italie et en Allemagne, contrairement au coup de force qui a porté les bolcheviks au pouvoir en Russie.
La fabrication de consensus est le sujet en vogue dans cette première moitié du XXe siècle, en Europe et aux Etats Unis d’Amérique ou le neveu de Sigmund Freud, Edward Bernays, publie son manuel de manipulation d’opinion publique sous le titre édifiant: Propaganda, New York 1928. Dès les premières lignes il affirme que le public est incapable de penser par ses propres moyens et qu’une élite d’anonymes doit se charger de cette tache a sa place – ce qui s’avère d’une modernité visionnaire après près d’un siècle de mise en pratique de cette Bible de marketing tout autant politique que commercial, idéologique, médiatique ou culturel.
L’entre en guerre des USA aux coté des alliée des pays démocratiques d’Europe, ainsi que le Maccarthysme a l’aube de la Guerre froide, sont très largement redevables aux revirements de l’opinion publique dont l’administration politique des USA ne pouvait se priver a l’occasion de ces engagements en rapport avec sa politique internationale et intérieure a la fois.
Sans oublier les régimes totalitaires en Europe qui ont très largement contribué à la mise en oeuvre de la gestion de consensus en fonction de la Guerre mondiale notamment, ainsi que de toutes les mises en scène qui lui ont précédés. Avec une logistique médiatique, y compris cinématique, a une échelle sans précédent.
Sans ces mises en scène comprenant des rassemblements de masse et l’euphorie collective sans commune mesure, on peut s’interroger si l’hystérie qui avait porté au pouvoir du début a la fin des régimes fascistes et nazi aurait put accéder au pouvoir et s’y maintenir avec le cortège d’horreurs qu’ils engendraient.
Une leçon d’un passé tragique de folie collective sciemment généré et outrageusement mise a profit par des tyrannies pathogènes au moyen de manipulation de l’opinion publique – modèle de hystérie de pensée unique dont les régimes issus d’une légitimité majoritaire sont encore plus dépendants que les régimes autoritaires, est la condition première de la folie belliciste a l’échela régionale, jusqu’a une totale autodestruction globale.